Œnochoé étrusque

Matériaux : Céramique surpeinte à figures rouges Dimensions : 37,9 x 22,7 x 18,2 cm N° d’inventaire : Nécropole d’Aléria-Casabianda, tombe 168 Musée d’Archéologie d’Aleria – MAA-2018.0.3806

Fonctionnalités

Se mêlant aux croyances de type cosmique et à la religion de la nature des origines, l’idée d’Au-delà prend chez les Étrusques les formes très originales d’un monde chtonien peuplé de nombreuses figures démoniaques (du grec daimon, genius en latin, termes indiquant des êtres semi-divins) aux traits parfois animaliers. Loin de vouloir provoquer un sentiment d’effroi et d’évoquer le châtiment de l’âme (comme on l’a cru pendant longtemps, à tort, à cause du filtre culturel du christianisme), les traits grotesques qui les caractérisaient avaient le but de représenter l’altérité, la diversité de ces êtres par rapport à la condition humaine. La fonction principale de ces démons est d’accompagner le voyage du défunt, un voyage terrestre à la différence de celui du monde grec, et d’assurer le passage de la porte de l’Au-delà. Charu ou Charun, le démon à la peau bleue qui garantit prioritairement ce passage, et Vanth, son homologue féminin, sont des divinités à la nature plurielle. Souvent ailés, vêtus d'un court chiton avec bretelles (habits des voyageurs) et chaussés avec des embades (bottes), ils sont représentés munis de torches, d’armes (marteau, hache, épée), de clés et de serpents, animaux chtoniens par excellence. Tuchulcha, mi-homme et mi-oiseau, occupe avec Charu(n) un rôle de premier plan dans la démonologie étrusque en tant que « ravisseur » du défunt. Restent en grande partie anonymes les figures de divinités féminines menant un char, comme celle présente sur cette œnochoé, et fréquemment représentées entre IVe et IIIe s. av. J.-C. sur les vases étrusques, ou sculptées sur les urnes aux côtés du défunt.

Cette œnochoé à bec biseauté et col tronconique présente une haute panse ovoïde. Son décor en figures rouges et rehauts blancs très altérés présente un motif de vague apparaissant sous la lèvre. Sur le col, un personnage debout, de face, vêtu d'une tunique ornée d'un galon blanc se développant du col à l'ourlet, la tête couverte d'un long voile, tient à la main un thyrse garni d'un rameau adventif enroulé. La légère inclinaison du visage vers la gauche du visage, recouvert de peinture blanche, confère au personnage un air mélancolique. De part et d'autre, un décor accessoire de volutes et palmettes. Sur l'épaule, une frise fait alterner oves et pendentifs en losange, à rehauts blancs, que souligne un filet réservé. Sur la panse, un char à deux chevaux cabrés, conduits par un personnage ailé, debout, levant un fouet dans sa main droite. Il porte une tunique à manches courtes et un bonnet pointu d'où s'échappent des mèches de cheveux. Le décor latéral est formé de volutes, palmettes, demi-palmettes et campanules.

De la fabrication
à la découverte au musée