Le cratère est l’un des objets centraux liés au symposium, ou banquet funéraire. Partie intégrante des cérémonies grecques et étrusques autour de la mort, ce rituel était destiné à la fois à célébrer le défunt, dont on pensait que l'âme était également présente (parfois représenté par un trône vide), et à rétablir l’harmonie du groupe social en renforçant les liens entre ceux qui restaient. Dans la vie quotidienne, le banquet était un symbole d'appartenance à une élite sociale, une cérémonie du vivre ensemble (convivium). Seule la classe aristocratique, en effet, pouvait se permettre d'organiser des réceptions somptueuses, au cours desquelles les invités, hommes et femmes de haut rang, s'allongeaient par couples sur des lits (klinai) ou des banquettes, consommant de la viande (sundeipnon) et buvant du vin (symposion) ensemble, tandis que des musiciens et des danseurs accompagnaient les cérémonies de musiques et de danses. La tombe à chambre, reproduction de l’architecture domestique parfois jusqu’au détail du mobilier, constituait en elle-même une mise en scène de cet ultime banquet. Les restes alimentaires, accompagnés par des libations, étaient offerts au défunt et déposés dans la tombe avec l’ensemble des objets et de la vaisselle (en céramique, bronze et plus rarement en argent ou en or) nécessaires à la mise en œuvre de la cérémonie.
Une fine observation de ce cratère de taille monumentale révèle que les contours des figures ainsi que les principaux détails sont en relief, les autres, en vernis dilué. Des rehauts violets matérialisent les couronnes et le vin qui coule. Des guirlandes stylisées de feuilles de lierre, parfois agrémentées de baies, se développent, en vernis noir, sur la corniche, sous l’épaule et autours des scènes. Sur la face principale, une scène à quatre personnages évoque la vendange et le foulage du raisin. En position centrale, Dionysos, debout, tourné vers la droite, appuie sur son épaule un thyrse d'où jaillit un rameau feuillu, regarde Silène debout devant lui. Un satyre nu et couronné de lierre apparait derrière Dionysos : il s’incline sous le poids d’une hotte pleine qu’il porte sur le dos. À l’autre extrémité, un second satyre d’apparence similaire juché sur la table de foulage soulève en s’accroupissant le filet qui contient le raisin. De la table, le jus s'écoule dans un large pithos bien calé dans le sol. Sur la face opposée, trois jeunes gens dansent sous le regard d'un spectateur. L’un d’eux s’avance, nu, l'himation drapé sur l'épaule et le bras gauche, tenant une amphore à la main et rejetant le bras droit derrière la tête.